La VAE (Validation des Acquis issus de l’Expérience) est apparue en 2002, afin de valoriser les compétences acquises au cours d’une carrière professionnelle, et de les transformer en diplôme, titre ou certification.
Après avoir soufflé sa vingtième bougie, ce dispositif peut sembler assez lourd, notamment par son manque de transparence, et présenter des lourdeurs administratives, dissuadant de nombreux candidats, ou étant à l’origine d’abandons.
C’est dans ce contexte que Claire Khecha, directrice générale de l’OPCO Constructys lors du lancement de la mission ; David Rivoire, spécialiste de la VAE, et Yanic Soubien, ex-Vice-Président de la région Normandie en charge des politiques d’emploi et de formation professionnelle, ont été missionnés pour identifier les points de blocages de ce système, et proposer des mesures concrètes.
Les informations que je m’apprête à vous livrer sont toutes issues de ce rapport.
Ils sont le fruit d’une expérimentation menée depuis 2021, qui se poursuit actuellement à plus large échelle.
J’attire votre attention sur le fait que, bien que des expérimentations soient en cours, elles ne sont pour le moment pas généralisées, mais testées sur un échantillon de candidats et des certifications bien définies.
Pour autant, elles constituent, sans nul doute, le devenir de notre si beau système de VAE, sur lequel j’ai le plaisir d’accompagner des candidats sur la route de la certification.
Constat sur le dispositif actuel
Le rapport pointe, en premier lieu, un constat simple :
Un système VAE simplement modernisé et uniquement centré sur une reconnaissance individuelle, formelle et ponctuelle des compétences, ne répond pas aux enjeux du monde contemporain où la capacité à innover et à apprendre continuellement ainsi que l’apprentissage du questionnement et de la réflexivité sont devenus essentiels. C’est pourquoi une autre VAE plus ambitieuse, porteuse d’émancipation des individus s’impose.
Extrait du Rapport de la VAE 2002 à la REVA 2020
DE LA VAE A LA REVA
L’idée est d’aller bien plus loin que le système en place de validation des acquis, utilisé souvent de manière ponctuelle, pour en faire :
- Un système pérenne et une reconnaissance continue
- En rendant visible les compétences transversales par un système de reconnaissance collectif et social
- Et poursuivre la validation des acquis par la voie du système formel (le système VAE modernisé) quand cela est nécessaire
Les propositions
Le système VAE amélioré, devenu système REVA, est ainsi complété d’un outil de reconnaissance informel (…), en s’inspirant de la technologie des « Open Badges », concrétisant ainsi la naissance d’un nouvel écosystème unique de reconnaissance, et par extension, la création d’un portefeuille numérique de compétences de l’individu qui l’accompagne tout au long de son parcours.
Extrait du Rapport de la VAE 2002 à la REVA 2020
Deux axes de changement
Ce rapport introduit deux axes :
- Une réforme du dispositif actuel de VAE pour faire fasse au manque de clarté, aux lourdeurs administratives…
- Une ouverture de la VAE sur un système plus global avec la création d’une start-up d’État dans le cadre du dispositif « Beta.gouv.fr », dont la mission sera de préfigurer le futur Service Public Numérique de la Reconnaissance de l’Expérience et de la Validation des Acquis (mission en cours actuellement). À terme, cette start-up sera amenée à se transformer en service public de pilotage, de régulation et de centralisation de la reconnaissance et de la validation. Elle hébergera et développera l’application numérique collaborative REVA, destinée à gérer et centraliser les démarches de Reconnaissance de l’Expérience et de Validation des Acquis et à simplifier les pratiques.
Les simplifications attendues sur la réforme du système actuel de la VAE
Un point d’entrée unique
Première proposition : la création d’une application REVA pour :
- Simplifier le processus d’entrée en VAE par la centralisation des inscriptions sur l’application REVA avec un identifiant unique sur le modèle de « Mon compte Formation » et par le biais d’une interface pratique et fonctionnelle : c’est une grande avancée quand on connait aujourd’hui les démarches assez fastidieuses des candidats au démarrage
- Partager les pratiques pour permettre à l’ensemble des acteurs de la VAE (candidats, certificateurs, employeurs, financeurs, accompagnateurs, service public de l’orientation, service public de l’emploi, régions) de disposer d’une procédure unique et simple et d’assurer la continuité, la lisibilité et la stabilité de la démarche
- Interconnecter les systèmes d’informations et les relier à l’application REVA
- Centraliser les données pour alimenter les statistiques nationales et faciliter les orientations des politiques publiques
L’automatisation de la recevabilité
Fin des dossiers de recevabilités, ou de faisabilités, des preuves à fournir, et des attentes à n’en plus finir.
Un grand ouf de soulagement.
Le candidat passera désormais par l’application REVA pour initier sa demande.
Voici les principales mesures proposées sur l’étape de la recevabilité :
- Automatiser la recevabilité via la plateforme de l’application REVA : inscription, étude de l’acquis expérientiel et du projet du candidat, et énoncé de la recevabilité
- Supprimer la durée légale d’un an et redéfinir les critères d’admission à la VAE à la seule analyse de l’acquis expérientiel du candidat rapporté au référentiel de la certification briguée
- Officialiser la déclaration sur l’honneur comme étant la règle : mettre fin à l’obligation de fournir des preuves administratives
- L’ensemble de l’expérience devient éligible, sans limitation pour les stages et contrats d’alternance
- Dédier une équipe interne au SPN REVA pour intervenir dans les candidatures plus complexes et faire le lien avec les certificateurs
- Mesure provisoire : dans l’attente de la production de l’outil nécessaire à l’application de ces mesures, instituer la règle « silence vaut accord passé une semaine après la date de dépôt de recevabilité » (contre 2 mois actuellement).
Passer d’une VAE de sanction à une VAE de parcours : LA REVA
Comme je le précisais plus haut dans cet article, l’idée est d’aller plus loin qu’une reconnaissance ponctuelle de l’expérience, et d’entrer dans un véritable parcours, tout au long de votre vie professionnelle.
Obtenir un diplôme par la voie de la VAE est certes une fin en soi, mais pas seulement ! La VAE doit aussi devenir une façon d’entrer dans une dynamique de réflexivité pour permettre de conscientiser sa richesse et ses compétences et d’apprendre à s’adapter au changement sociétal et technologique insufflé par la transition numérique dont le corollaire est l’évolution des métiers ; elle doit devenir un moyen d’acquérir mobilité et agilité afin d’autoriser l’individu à (re)devenir acteur à part entière de la société
Extrait du Rapport de la VAE 2002 à la REVA 2020
Dans cette optique, 6 mesures ont été proposées :
- Redéfinir le rôle des CEP en matière de VAE/REVA : identification du projet du candidat, aide à l’orientation vers le bon dispositif de retour ou d’accès à l’emploi, de reconversion ou d’évolution professionnelle. Le CEP n’a donc pas vocation à réaliser un diagnostic précis mais à identifier une opportunité et à orienter vers le bon spécialiste.
- Former les Conseillers en Évolution Professionnelle au nouveau dispositif REVA : confier au SPN REVA en lien avec France Compétences la mission d’organiser leur professionnalisation et leur montée en compétences, à travers des campagnes de formation, d’animation et d’apprentissage à la pratique de nouveaux outils communs…
- Lancer les états généraux des régions pilotés/centralisés par l’ARF (Association des Régions de France). La concertation qui en résultera, permettra d’apporter des réponses collégiales à différentes sujets et à rendre plus efficaces la pratique de la VAE
- Établir un cahier des charges d’ingénierie/conseil, définissant un “livrable”
- Conditionner l’ensemble des offres d’ingénierie/conseil publique et privée, aux exigences Qualiopi, en réinventant les pratiques de l’accompagnement
- Supprimer les obligations conditionnant l’entrée en VAE, notamment les réunions d’information, en laissant le choix au candidat d’y assister ou non
La fonction de jury
Absence d’incitation professionnelle, difficulté de réunir des jurys, de trouver des professionnels, non prise en compte de l’activité dans la carrière de l’enseignant, insuffisance de budgétisation, absence de rémunération convenable, flottement dans le statut… Beaucoup de certificateurs le disent : C’est déjà un miracle que nous arrivions à organiser autant de jurys chaque année !
Extrait du Rapport de la VAE 2002 à la REVA 2020
5 mesures sont ainsi portées pour accroître le nombre de jurys mais également faciliter leur fonction :
- mobiliser les jurys : en tenant compte de leur statut (enseignants, professionnels)
- les rémunérer : en centralisant cette rémunération dans l’application REVA
- constituer un vivier de jurys : mobilisables, et référencés selon leurs spécialités dans l’application
- renforcer les compétences des jurys (formations, accompagnements…)
- leur donner des outils pour les aider dans leur mission : en généralisant les jurys à distance et en incitant au travail collaboratif préparatoire entre jurys, passer de sessions collectives à des jurys à la demande (à l’image de ce que font déjà certaines universités), avoir une trame unique de dossier pour tous les candidats afin de faciliter l’évaluation des jurys
D’autres thèmes ont également été abordés dans ce rapport, comme l’optimisation du financement du système REVA, et la place de la VAE dans le monde professionnel…
Je vous invite à le parcourir dans sa globalité et à le télécharger sur le site du Ministère des Solidarités.
Belle lecture !
Alexandra
Accompagnatrice VAE Certifiée
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