C’est grave Docteur ? J’ai le sentiment d’être un imposteur au quotidien.

Aujourd’hui, on va parler syndrome.

Je ne suis pas médecin, je n’ai rien à voir avec le milieu médical, et la vue du sang m’est insupportable.

Et pourtant, je croise trop souvent le même syndrome chez les candidats à la VAE.

De quoi puis-je bien parler ?

Du syndrome de l’imposteur.

J’ai mis beaucoup de temps à écrire sur ce sujet car je voulais trouver les bons mots, la bonne façon de vous aider à surmonter ce sentiment.

Entrons dans le vif du sujet dès à présent.

Syndrome de l’imposteur : origine


Pour vous donner un ancrage et une référence, ce syndrome a été découvert fin des années 80 aux Etats-Unis par Pauline Rose Clance, qui l’a théorisé.

Il est particulièrement présent chez les personnes qui réussissent, ou qui obtiennent des bons résultats dans ce qu’elles entreprennent.

Cependant, malgré cela, ces personnes ont toujours le sentiment de ne pas mériter ce qu’elles ont :

  • d’être sur un poste trop élevé par rapport à leurs compétences et d’être prochainement démasquées par quelqu’un qui se rendra compte de la supercherie
  • d’avoir de la chance et de ne pas mériter ce qui leur arrive
  • de douter de manière constante
  • ou de ne pas mériter cette promotion et cette augmentation salariale
  • et de ne pas disposer des compétences justifiant votre réussite

D’ailleurs, et j’en suis désolée Mesdames, mais ce syndrome nous touche davantage que ces chers Messieurs.

Et oui…

Un homme qui obtient une promotion va simplement demander tout au plus : « Parfait : où est mon bureau ? ».

Une femme quant à elle dans le même contexte, va demander « Tu penses que j’en suis capable, et si j’échouais… Comment cela va être perçu, est-ce que je vais réussir… »

J’ai conscience de caricaturer un peu les choses, mais vous avez compris l’idée générale.

Bref, ce sentiment les met, ou vous met en difficultés si vous vous reconnaissez dans ces descriptions.

Voici un schéma qui illustre bien ce cycle :

syndrome imposteur
    Cycle de l’imposteur – Pauline Rose Clance

                                           

Syndrome de l’imposteur en 8 étapes


Huit étapes vont se succéder pour former le cycle de l’imposteur :

  • Activité à réaliser : la situation démarre avec la réalisation d’une activité, qui peut être nouvelle ou familière

  • Emotions : la réalisation de cette activité va générer de l’anxiété chez la personne, et pourra se traduire par du stress, des doutes, des angoisses, des troubles du sommeil…
  • Réactions : pour faire face à ces émotions, on va distinguer deux types de comportements, la procrastination qui est le fait de remettre à plus tard une action, ou la sur-préparation. Dans les deux cas, le dénominateur commun est la perte de temps
  • Arrive ensuite la réussite de la personne dans l’activité à réaliser

  • C’est ici que le sentiment lié à cette réussite est attribué à un facteur externe à la personne. Dans le cas d’une personne qui avait tendance à procrastiner, elle attribuera ce résultat à la chance. Et dans le cas d’un surinvestissement, la réussite sera étroitement liée à l’effort engagé. Vous constaterez qu’à aucun moment, la personne ne lie cette réussite à son talent, ses compétences, ou ses qualités

  • Nous arrivons donc à la phase de dénigrement : en cas de félicitations de son entourage, la personne va rejeter intégralement ce succès et minimiser sa réussite, voir répondre par des excuses du type « J’ai eu de la chance »

  • C’est ici que le syndrome de l’imposteur intervient avec le sentiment de tromper son entourage, de bientôt être démasqué car pas à la hauteur. On attend la chose ou l’action à réaliser qui nous fera échouer et mettra fin à la supercherie

  • Nous arrivons à la fin du cycle avec un sentiment de faible efficacité personnelle qui se trouve renforcé : la personne réalise une nouvelle mission et répète inlassablement ce processus

Maintenant que vous avez compris ce cycle, voici comment ce syndrome se matérialise dans une VAE.

Syndrome de l’imposteur dans une VAE


Dans une démarche de Validation des Acquis issus de l’expérience (VAE), comment cela se traduit ?

Souvent, vous êtes sur un parcours plutôt « atypique » ou en reconversion professionnelle, avec un gros écart entre votre ancienne vie et la nouvelle.

J’aime bien illustrer cette image par le Trader de Paris La Défense qui devient éleveur d’abeilles.

Vous exercez donc une fonction depuis un moment, sans avoir le diplôme équivalent à ce poste.

Vous avez cette part de doute qui vous habite.

Après tout, en bon autodidacte, faites-vous les choses correctement ?

Jusqu’à présent, les retours sur votre travail sont plutôt positifs, mais est-ce suffisant pour l’obtention d’un diplôme ?

Cette petite ombre vous suit et vous questionne inlassablement, sur le fait de savoir si après tout, vous méritez bien le diplôme sur lequel vous tentez de valider votre VAE.

Comment donc se libérer de cela et dépasser ce syndrome ?

C’est le moment de tomber le masque.

Comment vaincre le syndrome de l’imposteur ?


Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans une démarche de VAE, tout le monde est au courant que vous n’avez pas le diplôme.

Quand je dis tout le monde, j’évoque votre :

  • organisme certificateur
  • accompagnateur éventuellement
  • employeur si vous l’avez associé à votre démarche
  • jury

TOUT LE MONDE.

Le dispositif a précisément était conçu pour corriger cet écart entre expériences et parcours de formation.

En d’autres termes, vous êtes démasqué dès le démarrage de votre démarche.

Vous n’avez donc pas à craindre d’être découvert puisque vous vous êtes justement engagé dans ce dispositif parce que vous n’avez pas le diplôme.

Si vous l’aviez, vous n’auriez aucune raison d’être ici.

Vous n’avez jamais prétendu avoir le diplôme : vous vous présentez pour l’obtenir et faire reconnaître vos compétences.

Peur d’échouer ?


Vous pouvez vous libérer du poids et de l’enjeu de cette démarche et vous concentrer sur l’essentiel : rédiger votre livret 2 puis quand le temps viendra, préparer votre oral avec le jury de VAE.

Dites-vous que vous allez simplement présenter vos missions.

Certes il y aura un diplôme à la fin.

Mais tentez simplement de présenter de manière précise ce que vous faites au quotidien.

Imaginez demain qu’une personne arrive dans votre entreprise et qu’elle doive vous remplacer, sans que votre patron s’en aperçoive :

  • que doit-elle faire ?
  • comment doit-elle le faire ?
  • sous quel délai ?
  • dans quel ordre ?
  • y-a-t-il des règles ou des normes à respecter ?
  • des informations à connaitre impérativement pour mener à bien vos missions ?
  • ….

Vous avez, je le pense, compris l’idée.

En procédant ainsi, vous allez vous concentrer sur l’essentiel.

CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE DÈS MAINTENANT


Au cas où vous l’auriez oublié, vous avez reçu une recevabilité de la part du jury faisant état justement qu’administrativement, vous étiez recevable.

Pour un diplôme universitaire, l’organisme certificateur aura également procédé au préalable à une étude de faisabilité sur votre parcours.

Certes, développer ses compétences dans un livret 2, analyser sa pratique professionnelle, conceptualiser ses prises de décisions, conscientiser son expérience…

Tout ça n’a rien de naturel…

C’est un exercice à part entière.

Cependant, vous avez déjà franchi la première étape.

Par ailleurs, vous êtes je le pense également reconnu dans votre entreprise.

Votre employeur ne vous garde pas généreusement, bien au chaud, en vous versant un salaire simplement parce que vous êtes une personne sympathique (ou alors pas seulement).

Non : il vous garde dans son effectif car il vous a recruté pour une mission que vous exercez plutôt bien, et dans laquelle vous avez su mobiliser les compétences attendues.

Prenez donc de la distance par rapport à tout cela.

Remémorez-vous votre expérience, votre parcours, vos réussites, et comment vous avez su également surmonter vos échecs.

On dit que le doute est une forme d’intelligence : je le pense également.

Souvent les personnes disposant d’une véritable conscience des choses doutent fréquemment.

C’est une belle qualité mais cela ne doit pas devenir un handicap.

S’interroger : oui.

Mais s’autosaboter non.

Alors, relevez la tête, retournez à l’écriture de votre livret ou à la préparation de votre oral et promettez-vous une chose : n’abandonnez jamais !

Si vous vous prenez à douter de vous : regardez vos réussites. C’est bien vous qui en êtes à l’origine et cela, personne ne peut vous le retirer.

Elles sont bien là et ancrées dans votre histoire personnelle.

Quant aux petits échecs, ils étaient juste présents sur votre chemin pour vous apprendre quelque chose.

Recevez tous mes vœux de réussite pour votre VAE.

Alexandra

Articles complémentaires à consulter :

1 – Trois conseils pour avancer quand vous doutez durant votre VAE

2 – Comment sélectionner les bonnes expériences pour le livret 2 

3 – 25 signes qui montrent que votre livret 2 est raté